Au repas de Béthanie il y a Lazare, Marthe et Marie et bien sûr Jésus.
Mais plus qu’à Lazare, le héros du jour, le récit s’attache à ces deux femmes : Marthe et Marie et que font-elles ?
De la première il est dit : « Marthe SERVAIT tandis que Lazare était un de ceux qui reposaient avec Jésus ».
Lazare se trouve d’ailleurs dans la même attitude que le disciple bien aimé de Jésus au repas de la cène « qui repose sur la poitrine de Jésus » 13,23.
Les convives hommes sont allongés couchés sur des divans et une femme Marthe les SERT. De la seconde femme nous sont rapportés, en un solennel ralenti, tous les gestes : Marie « prend une livre d’un parfum de nard pur de grand prix, le répand sur les pieds de Jésus et essuya ses pieds avec ses cheveux. »
J’ai longuement commenté l’an dernier cette scène !
Et voilà que les gestes du SERVICE de Marthe et de l’ONCTION des pieds de Jésus par Marie, dès la page suivante, vont converger dans les gestes d’un seul homme, celui de Jésus. Jésus va revêtir le TABLIER du SERVICE de Marthe et prendre, aux pieds de ses disciples, la posture de Marie en un solennel ralenti tout aussi suggestif que celui du repas de Béthanie :
« Jésus se lève de la table du repas, dépose son manteau, prend un linge dont il s’entoure la taille, verse ensuite de l’eau dans un bassin et commence à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait autour de la taille ».
Jésus déploie à son tour tout le rituel d’hospitalité dont il a été lui-même le premier bénéficiaire au repas de Béthanie.
Ces deux femmes ont dessiné à l’avance et même suggéré à Jésus les signes qu’il va donner lui-même comme une clé de lecture de toute sa vie en ce dernier soir.
En un révolutionnaire bouleversement des habitudes sociales, voilà un homme Jésus qui prend la place d’une femme qui sert à table et d’une femme qui oint les pieds de son mari !
Ce n’est donc pour rien que Saint Luc a déplacé la dispute sur la primauté et le pouvoir entre les disciples qui a lieu dans les autres Evangiles sur la route de la Galilée à Jérusalem au cœur même du dernier repas de Jésus.
Jésus vient de partager le pain et la coupe et les disciples se disputent entre eux pour savoir qui est le plus grand. Et Jésus de répondre :
« Que le plus grand parmi vous devienne COMME LE PLUS JEUNE ; et le responsable COMME CELUI QUI SERT ;
Lequel est le plus grand, celui qui est à table ou CELUI QUI SERT ?
Dans la logique du monde, N’est-ce pas celui est à table ?
Eh bien Moi je suis au milieu de vous COMME CELUI QUI SERT. » Jésus, dans Luc comme dans Jean, n’est plus celui qui est allongé à table pour se faire servir mais il est devenu comme la femme Marthe
« celui qui sert ». Comme l’écrivait Christian de Chergé, le moine de
Tibhérine : « Prendre un tablier comme Jésus, cela peut être aussi grave et solennel que le don de la vie…et vice versa, donner sa vie peut être aussi simple que de prendre un tablier. »
Voilà le Dieu dont nous faisons mémoire ce soir : un Dieu qui en Jésus a pris le métier d’une femme « qui sert » pour que nous prenions tous et toutes le tablier du service !
Mais Dieu en Jésus n’a pas seulement pris le métier de la femme qui sert. Il a pris aussi le métier de la femme qui oint et lave les pieds de celui qu’elle aime.
J’aime beaucoup ce dialogue imaginé par Fabrice Hadjadj entre la mère et son fils :
La mère : « Eh bien mon enfant, il va falloir penser à un métier, te choisir une orientation. Vu ton intelligence, tu pourras faire de hautes études.
Le fils : « Je veux faire laveur de pieds.
La mère : « Que dis-tu ?
Le fils : « Je veux faire laveur de pieds.
La mère : « C’est pour rire. Tu n’y penses pas
Un garçon doué comme toi. Réponds-moi donc avec sérieux.
Le fils : « ce n’est pas pour rire, Maman, je veux faire laveur de pieds.
La Mère : ce n’est pas possible. Ce n’est pas un métier.
Et le fils de répondre : « Rien n’est impossible à Dieu, Maman. C’est un métier de l’Eternel. »
Rien n’a été impossible à Dieu en ce Jeudi Saint : devenir femme qui oint et lave les pieds de ses amis parce qu’ils les aiment jusqu’à mourir pour eux et devenir femme qui sert à table parce qu’il n’y a pas d’autre manière d’exercer le pouvoir que de servir jusqu’à l’épuisement.
« Je suis au milieu de vous COMME CELUI QUI SERT » !
Ecoutez maintenant le chant : COMME LUI SERVIR PAR AMOUR que nous chante la Famille Leurent !
Pour Introduire le chant COMME LUI !
En ce jeudi saint, nous dédions ce chant COMME LUI JESUS SE LEVER CHAQUE JOUR ET SERVIR PAR AMOUR à tous ceux et celles qui SERVENT, d’une manière toute particulière, pour venir à bout de ce covid 19 :
Comme Lui Jésus, SERVIR, merci à tous les soignants dans les hôpitaux : médecins, infirmiers et infirmières, aides-soignants, tout le personnel hospitalier…
Comme Lui Jésus, SERVIR, merci à tous les médecins généralistes en ville, aux pompiers, aux ambulanciers, tout le personnel soignant et accompagnant dans les maisons de retraite, les EHPAD…
Comme LUI Jésus, SERVIR, merci à tous ceux et celles qui maintiennent les services de nécessité : éboueurs, caissières, commerçants, pharmaciens, les soldats, les salariés des services publics…
Comme Lui Jésus, SERVIR, merci à tous les chercheurs, biologistes qui travaillent d’arrache pieds pour trouver des médicaments, des vaccins…
Comme LUI Jésus, SERVIR, merci à ceux qui sont présents auprès des plus démunis, à nous tous et toutes qui respectons le confinement, chacun de nous membres d’une même humanité qui souffre, qui lutte et qui espère…
Pour tous ces SERVITEURS en ce jeudi saint nous chantons
COMME LUI
Comme lui, savoir dresser la table,
Comme lui, nouer le tablier,
Se lever chaque jour
Et servir par amour
Comme lui
Offrir le pain de sa Parole
Aux gens qui ont faim de bonheur. Être pour eux des signes du Royaume Au milieu de notre monde.
Offrir le pain de sa présence
Aux gens qui ont faim d’être aimés. Être pour eux des signes d’espérance Au milieu de notre monde.
Offrir le pain de sa promesse
Aux gens qui ont faim d’avenir.
Être pour eux des signes de tendresse Au milieu de notre monde.
Offrir le pain de chaque Cène Aux gens qui ont faim d’avenir. Etre pour eux des signes d’Evangile Au milieu de notre monde.